vendredi 30 août 2013

Une mascarade de justice sociale …




Jeudi 30 aout, 16h30 en mairie de Condé sur Noireau, le député de la circonscription Alain Tourret, annonce, en conférence de presse que le Premier Ministre Jean Marc Ayrault vient de décider d’accorder, du fait de sa haute magnanimité et tel un seigneur envers ses manants, aux anciens salariés de l’usine Honeywell, une extension de 3 ans du classement « amiante » de cette usine.


Cette décision, qualifiée par le député « d’excellente nouvelle » et qui devrait se traduire par la promulgation d’un arrêté interministériel modifiant la fin de période prise en compte au 31 décembre 1999 (actuellement 1960-1996), est un véritable mépris pour tous les salariés qui ont continué à être exposé aux fibres d’amiante, dans cette usine, jusqu’à sa fermeture en juin 2013 ! C’est quoi cette mascarade de justice sociale ? Quel est le but de ce gouvernement dont le slogan de campagne était « Le changement c’est Maintenant » et qui semble actuellement, avoir même oublié l’étymologie du mot « socialiste » ?

Des salariés ne sont pas, « un peu », exposés à l’amiante, ils le sont ou ne le sont pas. Cela doit se traduire, pour les ministres concernés (Travail, Santé et Budget), en fonction de leur reconnaissance de cette situation, par la promulgation d’un arrêté ou non, et ce, sur toute la période concernée c'est-à-dire 1997-2013 et non pas sur une toute partie de cette période. Rien ne justifie cette décision du 1er Ministre ! Aucune mesure, aucune action n’a été prise par le groupe Honeywell, au cours cette année 1999, ni même après, afin de garantir, comme l’exige le Code du Travail, la santé de leurs salariés. L’amiante n’a pas disparu de l’entreprise le 31 décembre 1999 et a continué à être présent jusqu’à sa fermeture le 30 juin 2013 !

L’argument, selon le député, justifiant cette extension ridicule est la disparition des mesures d’empoussièrement pour ces 3 premières années (1997-1999) et des mesures au-deçà du seuil de 5 fibres/litre pour la période 2000-2013. Cet argument est faux et fallacieux !
  • Il est faux, car aucun jugement en France ayant abouti sur le classement ou la révision de classement amiante d’une usine ne s’est appuyé sur des niveaux d’empoussièrement aux fibres d’amiante ! L’obligation de résultat imposée par le Code du Travail et la jurisprudence ordonne un niveau de fibre le plus proche possible de zéro… 
  • Il est fallacieux, car la véritable raison de cette décision est dictée par le coût budgétaire d’une telle extension : prendre en compte l’ensemble de la période 1997-2013 aurait couté trop cher … mais à qui ? Aux entreprises, qui à travers la caisse accidents de travail et maladies professionnelles, financent seules, en fonction de leurs taux propres, l’ACCAATA, c'est-à-dire la « préretraite amiante ». 
Encore en fois, semble-t-il, c’est le patronat qui dicte sa loi à ce gouvernement soi-disant socialiste.

Le député a conclu sa conférence de presse en expliquant que c’était une grande victoire et que le combat était terminé … Mais le combat, pour le Collectif va évidemment continuer et encore avec plus d’acharnement qu’avant. Ce gouvernement vient de reconnaître, à travers son 1er Ministre, la situation des anciens salariés d’Honeywell face à l’amiante tout en leur refusant le droit de bénéficier d’une véritable retraite avant de tomber malade, victimes de ce poison mortel. Nous allons dénoncer et combattre cette décision indigne de personnes se revendiquant du socialisme, comme de tous les élus locaux qui se félicitent et soutiennent celle-ci : des échéances approchent …


Le conseil du Collectif va très rapidement tenir une réunion afin de débattre des réponses à faire et des actions à mener, avant de les soumettre à l’ensemble des adhérents. La contestation en justice de ce futur arrêté interministériel sera évidemment au cœur de la discussion …

2 commentaires:

  1. Conformément à leur doctrine réformiste, ce gouvernement socialiste ne fait pas de vague . De nouveaux ces élus tentent de ménager la chèvre et le chou. Un semblant social pour les travailleurs , et l'impunité pour ces multinationales meurtrières. pourquoi seulement 3 ans ?? alors que les ateliers sont toujours pollués par l'amiante et jusqu'en juin 2013 des travailleurs ont continués à exercer au dépends de leurs santé. selon les élus, ce serait une grande victoire ?? excusez du peu, pour 17 ans d'exposition non reconnus, seulement 3 ans reconnus et 14 ans de laissés pour compte. Une notion de la justice sociale pour le moins douteuse.

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  2. Une étape franchie ….
    Mais au rabais !!!



    Après avoir analysé la décision ministérielle, concernant la prolongation de la reconnaissance du travail dans l’amiante des travailleurs d’Honeywell, il s’avère que ce décret couvrant la période 1997, 1998, 1999 est une reconnaissance au rabais. En effet de 1996 à 2013 rien n’a été fait pour désamianter les machines, les structures si ce n’est que quelques opérations ponctuelles. De ce fait les travailleurs d’Honeywell on continué d’opérer dans un environnement pollué exposés à la poussière d’amiante.
    1° Pourquoi depuis 1996 (date d’interdiction de travailler l’amiante) les entreprises Valéo, Allied Signal, Honeywell n’ont-elles pas désamianté totalement les ateliers et locaux ??
    2° Pourquoi seulement une prolongation de 3 ans alors que la période concernée est de 17ans ?? Combien de personnes risquent de déclarer des maladies de l’amiante dans les 10 prochaines années ??
    3° Conscient de la dangerosité de l’usine de Condé et pour protéger la population, le ministère exige le désamiantage de l’usine mais refuse de reconnaitre l’exposition des travailleurs jusqu’en 2013 ??
    Depuis des décennies, les directions d’entreprise ont toujours affirmé que l’empoussièrement était au dessous du seuil légal admis !!! Pourtant ce sont des centaines de personnes qui sont décédées de l’amiante. Ou bien les directions successives ont toujours menti, où les seuils de tolérance sous-estimaient la dangerosité. Comment aujourd’hui peut-on croire les résultats, avancés par la société Honeywell, quand en 2011 c’est l’inspection du travail qui a ordonné des opérations de désamiantage et de dépoussiérage, quand en 2012 les analyses annuelles réalisées par (l’apave) laissaient apparaitre des concentrations supérieures au seuil légal !! Confirmées par des contre-analyses.
    Que ce soit dans l’amélioration des conditions de travail, dans le respect de la santé et de la vie des travailleurs, le patronat a toujours privilégié la productivité et la rentabilité. Aujourd’hui encore le patronat s’accroche becs et ongles pour minimiser l’addition à payer.
    Cet arrêté ministériel ne répond en aucun cas à ce qu’attendent les ex travailleurs d’Honeywell .Cela ressemble étrangement à un arrangement au rabais, mais certainement pas à une réparation du préjudice subit !!
    Il ne s’agit pas de jouer les marchands de tapis, il s’agit là de permettre à ces travailleurs au moins de gagner quelques années de repos supplémentaires compte tenu des risques encourus.
    3 années concédées aux travailleurs (soit un an de moins à travailler) et 14 années par travailleurs d’économisées pour le patronat : un curieux sens de l’égalité ?? A ce propos, le départ en retraite anticipé ne coûte rien a la collectivité c’est le patronat qui en assure l’entière responsabilité et le contexte économique n’a rien à y voir, n’en déplaise au maire et conseiller général de Condé/Noireau.


    04/09/2013

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