jeudi 11 juillet 2013

Qu’attend le Ministre du Budget, Bernard Cazeneuve ?

Bernard Cazeneuve avec le Collectif Amiante Tréfimétaux, le 14 juin 2012 (source Ouest France)

L’ancienne usine de Condé sur Noireau ayant appartenu successivement à Ferodo, Valéo et Honeywell, a utilisé massivement l’amiante avant 1997 pour sa production de plaquettes et de segments de frein (170 tonnes mensuelles en 1977, par exemple)

Propriétaire de cette usine depuis fin 1990, la multinationale américaine Honeywell n’a jamais pris les mesures nécessaires et obligatoires afin de garantir la santé de ses salariés, c’est à dire désamianter totalement le site et les salariés ont continué, après l’interdiction de l’amiante en 1996, à être exposés à ces fibres mortelles jusqu’à la fermeture de cette usine, le 30 juin 2013.

De nombreux éléments démontrent cette réalité inadmissible. Citons, en autre :
  • L’importance des déchets d’amiante évacués lors de chantiers de désamiantage très localisés, accompagnant des opérations de maintenance et de ferraillage de machines : 32 tonnes pour les années 2006 et 2007 !
  • Des mesures récentes de pollution de l’air (2012) qui ont révélé des taux d’amiante très importants ;
  • Des salariés déjà malades de l’amiante bien qu’ayant commencé à travailler après l’arrêt de son utilisation, fin 1996 ;
  • Des chantiers localisés de désamiantage fait en 2013, c'est-à-dire quelques mois avant la fermeture définitive de l’usine, suite à une mise en demeure de la DIRRECTE du Calvados ;
  • L’ensemble de l’atelier de production interdit d’accès à ce jour pour risque d’exposition à l’amiante.

Cette usine, symbole du scandale de l’amiante en France, est actuellement classée amiante, par arrêté interministériel, pour la période 1960 – 1996 et il est indispensable, étant donné l’exposition importante qu’ont subie les salariés depuis 1997, que ce classement soit révisé et étendu à la période 1960 – 2013. Le député de la circonscription dont dépend Condé sur Noireau, Alain Tourret, a fait cette demande, par le biais d’une question écrite à l’Assemblée Nationale, le 4 septembre 2012.


A ce jour, nous sommes toujours dans l’attente d’une véritable réponse !


Les ministères concernés par la promulgation d’un tel arrêté sont ceux du Travail, de la Sante et du Budget, c'est-à-dire Michel Sapin, Marisol Touraine et Bernard Cazeneuve.

Il semblerait qu’actuellement, une réponse positive à notre demande légitime soit conditionnée à l’avis du ministre du Budget, Bernard Cazeneuve. Une absence de réponse rapide et positive de sa part serait, pour nous, totalement incompréhensible, et s’apparenterait, à nos yeux, à un reniement total de ses prises de position passées !

Le 14 juin 2012, Bernard Cazeneuve, alors Ministre délégué aux Affaires européennes, est venu à Dive sur Mer, lors de la campagne des législatives, afin de soutenir le "Collectif Amiante Tréfimétaux", dans leur combat pour la reconnaissance du classement amiante de cet ancien site sidérurgique. 

La visite à Dives de Bernard Cazeneuve, ministre délégué aux Affaires européennes, appuyé d'un coup de téléphone la semaine dernière, a semble-t-il accéléré le processus. 

Jeudi, le ministre s'était refusé « à toute promesse en cette période électorale. Mon rôle », avait-il insisté, « est de faire remonter le dossier ». Il avait jugé ce « combat juste. Les salariés empoisonnés par cette fibre ont des droits. » 

(Ouest France Entreprise du 18 juin 2012) 

Maintenant Ministre du Budget, il ne s’agit plus, pour lui, de soutenir, mais de décider et de promulguer un arrêté ! Ou alors, faudrait-il considérer cette prise de position passée comme uniquement démagogue et électoraliste, c’est à dire totalement à l’opposé de ses déclarations … ? 

Nous ne pouvons pas non plus concevoir qu’une non-réponse ou une réponse négative de sa part soit dictée par des considérations budgétaires ignorant totalement le droit légitime de salariés ayant été exposés aux fibres d’amiante à avoir une véritable retraite avant de devenir malade. Ce n’est pas aux victimes de l’amiante de subir les conséquences d’une quelconque contrainte financière mais bien aux responsables, c'est-à-dire les entreprises, d’assurer le financement de l’ACAATA, notamment par le biais de la CATMP !

De plus, en se combinant aux discours pernicieux de certains salariés, tentant de transférer la responsabilité, sur les politiques, des conséquences d’un combat qu’ils n’ont pas mené eux-mêmes (« On a été abandonnés par les institutionnels »), en s’ajoutant aux discours déjà tenus par d’autres (« tous pourris »,« dégoûté de ces personnes assoiffées du pouvoir »), cette attitude ne fera que renforcer la forte défiance qu’a, actuellement, la classe ouvrière envers les politiques et aura pour conséquence un transfert des voix d’anciens travailleurs d’Honeywell pour des partis extrémistes, tels que le FN.



Répondre positivement à cette révision du classement amiante du site Honeywell de Condé sur Noireau doit être, pour lui, un devoir moral envers ces salariés, victimes de multinationales peu scrupuleuses de leur santé.

Le 24 octobre 2007, Bernard Cazeneuve, en tant que député bas-normand, posait une question au gouvernement sur l’indemnisation des victimes de l’amiante en ajoutant « que, si nous posons la même question, séance après séance, ce n’est pas parce que nous sommes « la proie des idées fixes », comme le dit Michel Audiard dans Les Tontons flingueurs, mais parce que, séance après séance, nous attendons désespérément une réponse »  

Les anciens salariés d’Honeywell ne sont pas non plus, la proie des idées fixes, mais attendent, jour après jour, désespérément, une réponse positive, de sa part, à leur requête légitime !




1 commentaire:

  1. président collectif amiante Trefimetaux groupe pechiney Nationalisé demandons a
    Mr SAPIN et CAZENEUVE de respecter les engagements ecrits du 16 Juin 2012
    a savoir ARRETE AMIANTE
    A ce jour RIEN et silence total LES ELECTIONS SONT PASSEES

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