Photo d'une réunion précédente |
Le site Honeywell de Condé sur Noireau ferme ses portes le 30 juin 2013, le groupe américain ayant décidé, bien qu’il s’en défend, de délocaliser sa production en Roumanie.
La grande majorité des 323 salariés présents sur le site, lors de l’annonce de cette fermeture, en octobre 2011, va donc être, dès juillet 2013, projetée dans la précarité et le chômage, pour le seul bénéfice des actionnaires du groupe. 323 emplois vont également disparaître dans le bassin d’emploi de Condé sur Noireau et sa région, du fait de cette décision inacceptable.
Sous l’égide du Préfet de Région, Michel Lalande, une réunion a eu lieu à la préfecture de Caen, ce vendredi 12 avril, en présence de la direction d’Honeywell, des pouvoirs publics et des partenaires sociaux.
L’objectif de cette réunion concernait essentiellement 2 points principaux :
- Quel est le niveau actuel de reclassement des 323 futurs chômeurs ;
- Et surtout, quels seront les moyens qui vont être mis en œuvre afin de compenser la perte de ces 323 emplois ;
Le communiqué de presse fait par le Préfet, Michel Lalande, à l'issue de cette réunion
Le reclassement actuel des salariés
Visiblement adepte du « monde merveilleux » de Walt Disney, ou encore d’Aldous Huxley, la direction d’Honeywell a présenté une situation idyllique du bilan actuel de reclassement des salariés :53 salariés, c'est-à-dire 16%, auraient actuellement trouvé une « solution de remplacement », mais, lorsque l’on regarde en détail les chiffres, on s’aperçoit que la réalité est tout autre :
- Seuls 23 salariés (c'est-à-dire 7%) ont retrouvé un CDI ;
- Ces 53 salariés représentent 12% de l’ensemble des ouvriers (28 salariés) contre 30% de l’ensemble des techniciens et cadres (25 salariés) et, en terme de CDI, la disproportion est encore plus forte ;
Il faut d’autre part ajouter qu’actuellement, ces 53 solutions sont le résultat de démarches indépendantes de salariés apportant à la cellule de reclassement des « solutions clefs en main », lui permettant d’annoncer « des chiffres » et non pas une aide de celle-ci à ces salariés.
La revitalisation du bassin d’emploi
La décision du groupe Honeywell va provoquer, dès le mois de juillet, la perte de 323 emplois dans le bassin de Condé sur Noireau.
Vis-à-vis de la situation économique actuelle, cette conséquence est catastrophique et la loi française impose, à toute entreprise de plus de 1000 salariés ou appartenant à un groupe de plus de 1000 salariés, licenciant plus de 10 salariés sur une même période de 30 jours, de revitaliser le bassin d’emploi.
Cette obligation légale se traduit par une contribution financière destinée à financer des créations d’emplois à travers, entre autres, l’implantation, sur le bassin d’emploi, de nouvelles d’entreprises. Elle peut se faire de deux façons :
- Soit au travers une convention de revitalisation, signée avec l’état. Dans ce cas, la contribution est au minimum de 2 fois la valeur du SMIC par salariés licenciés;
- Soit sans convention, en cas de refus de l’entreprise ou de désaccord entre celle-ci et l’état. Dans ce cas, le représentant de l’État dans le département concerné (le préfet) établit un titre de perception pour une contribution égale à 4 fois la valeur du SMIC par emploi supprimé;
Celle-ci n’étant pas encore signée, nous ne pouvons, par souci de confidentialité, diffuser l’intégralité de cette convention, mais voici les grandes lignes :
- L’entreprise Honeywell s’engage à contribuer à la création de 323 emplois en CDI dans les 36 prochains mois;
- Pendant les 18 premiers mois, le périmètre visé, dit « prioritaire », est celui des cantons de Condé sur Noireau, Flers, Athis de l’Orne, Thury Harcourt et Vassy et ce périmètre sera élargi aux cantons limitrophes les 18 mois suivants;
- Une liste de différentes actions (tel que des projets d’entreprises d’ « ex-Honeywell », de développement des sous-traitants, d’implantation d’entreprise dans des filières stratégiques, etc …) a été définie, avec pour chacune, un budget alloué;
- Des représentants de l’état et d’Honeywell auront, paritairement, le pouvoir de décision sur les projets qui lui seront soumis.
La « contribution » financière totale qu’il s’engage à mettre est de 1 806 694,04 €, c'est-à-dire, au centime près, 4 fois le SMIC pour chacun des 323 emplois supprimés. C’est le montant qu’ils auraient dû verser en cas d’absence de convention de revitalisation. Honeywell, se cantonne donc à ce qu’exige la loi, ne faisant aucun effort financier pour créer ces 323 emplois. La seule exemplarité que l’on peut retenir est leur constance en termes d’hypocrisie, de mensonges et de provocations.
Nous avons également beaucoup d’inquiétude concernant le cabinet mandaté à la fois par le groupe Honeywell et l’État, pour mener à bien les actions mentionnées ci-dessus : Il s’agit du cabinet BPI, dont nous doutons des réels intérêts et intentions :
- Ce cabinet va-t-il avoir une véritable démarche ayant pour résultat la création de 323 emplois ou va-t-il se contenter d’être gracieusement payé pour une prestation « à minima »?
- Qui paiera cette prestation ? Honeywell, indépendamment de sa « contribution financière » à la revitalisation ou ce paiement sera-t-il puisé dans cette contribution ?
- Le coût de la prestation BPI dans la convention de revitalisation de Chaffoteaux à St Brieuc
- Une note faite à l’intention de la direction de Siemens VAI
- Un compte-rendu d’une réunion de reclassement chez BPI
Dépollution et du désamiantage du site
Nous ferons prochainement un article sur ce point spécifique et notamment sur une idée que semble partager une grand majorité des participants de la réunion : créer à Condé sur Noireau un pôle de compétence dans le domaine du désamiantage et de la dépollution industrielle.
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